Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/352

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— Voici : pendant que tu bats les ennemis du pays, Mitsou-Fidé, à qui tu as confié ta direction du royaume, s’est emparé du pouvoir.

À cette nouvelle, le visage de Taïko passe successivement de la surprise à l’inquiétude, à la fureur.

Un homme, qui tient une lumière accrochée à l’extrémité d’une tige de bois horizontale, l’approche du visage de l’acteur, afin que le public ne perde rien du jeu de sa physionomie.

— Partons ! partons ! s’écrie-t-il, ma présence seule peut rétablir l’ordre dans le palais.

Il confie le commandement de ses troupes à un de ses généraux, et quitte la scène, par un chemin qui traverse le parterre, et se perd dans les plis d’une draperie.

La scène pivote sur elle-même, et découvre l’intérieur d’une pagode.

Taïko entre. Il demande à se reposer et à passer la nuit dans la pagode. On lui annonce que Mitsou-Fidé vient d’arriver avec sa femme et sa mère. Ils voyagent et se sont arrêtés là.

Taïko fait un bond en arrière.

— Mon ennemi si près de moi s’écrie-t-il. Faut-il fuir ? Non, il faut me déguiser.

Il se fait donner un rasoir, se rase lui-même la tête entièrement et enfile une robe de bonze. À peine l’a-t-il agrafée que Mitsou-Fidé s’avance, il jette un regard méfiant à Taïko ; celui-ci, pour se donner l’air d’être à l’aise et sans inquiétude, se met à chanter une chanson naïve populaire dans le royaume entier :