Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/361

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Omiti remonta dans sa chambre ; elle en savait assez, sa résolution était prise. Une sorte d’ardeur mystique emplissait son esprit.

— Ma mission dans ce monde est de le sauver, de le retenir au bord des abîmes, se disait-elle avec exaltation. C’est la seconde fois que mon oreille saisit un secret criminel, un complot dirigé contre celui que j’aimais avant de le connaître. La volonté du ciel se montre en ceci : cette fois encore, je dois lui signaler le danger, ma faible main arrêtera l’exécution du crime.

Elle songea aux moyens qu’elle pourrait employer pour fuir de l’auberge.

Deux autres jeunes femmes partageaient sa chambre la nuit, elle ne pouvait se confier à elles, elles ne l’aimaient pas et étaient toutes dévouées au maître.

Au rez-de-chaussée toutes les portes étaient closes intérieurement par de lourdes barres ; de plus, les valets chargés du soin de la cave couchaient en bas. Il ne fallait donc pas songer à fuir de ce côté. Il restait la fenêtre ; le premier étage était assez élevé, mais ce n’était pas cela qui inquiétait Omiti. Comment faire glisser le panneau de la fenêtre sans éveiller les jeunes femmes ? Si elle y parvenait sans bruit l’air froid pénétrant dans la chambre les tirerait de leur sommeil. Omiti songea à la fenêtre qui s’ouvrait sur le palier de l’escalier ; mais celle de la chambre donnait sur la rue, tandis que celle-là donnait sur le jardin, et une fois dans le jardin il restait la palissade à franchir.

— N’importe, se dit Omiti, je descendrai par la fenêtre de l’escalier.

Mais comment ? elle n’avait pas d’échelle à sa disposition. Avec une corde ! où prendrait-elle une corde sans éveiller de soupçon ? Elle se décida à en faire une.