Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/402

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Yori et ses troupes s’avancer hors d’Osaka, et se développer dans la plaine, il attendait le premier mouvement offensif du siogoun, pour attaquer de son côté les hommes de Hiéyas.

— Certes, se disait le général, la victoire est possible, Signénari, qui est mort si noblement hier, et ses soldats héroïques ont fait beaucoup de mal à l’ennemi ; j’ai moi-même repoussé, en lui faisant subir des pertes considérables, le détachement qui attaquait ma position. Nous pouvons tailler en pièces la partie de l’armée sur laquelle va fondre le siogoun. Alors l’égalité sera à peu près établie entre les deux forces ennemies, et à force égale nous triompherons.

L’armée de Fidé-Yori s’était arrêtée dans la plaine, ell~ occupait l’emplacement sur lequel se dressait la veille le camp de Signénari.

— Qu’attendent-ils donc ? se demandait Yoké-Moura ; pourquoi interrompent-ils leur mouvement en avant ?

Les chefs couraient sur les flancs des bataillons. Une singulière agitation régnait parmi les rangs. Évidemment quelque chose de nouveau était survenu, on hésitait, on se concertait. Tout à coup une grande oscillation agita l’armée, elle fit volte-face et, retournant sur ses pas, rentra dans la ville.

— Qu’est-ce que cela signifie ? s’écria Yoké-Moura, stupéfait et pâle de colère. Quelle folie les saisit subitement ? C’est une dérision, seraient-ils lâches ?

Les soldats de Hiéyas s’avancèrent alors, ils traversèrent la plaine abandonnée par Fidé-Yori. Au même moment les hommes de Yoké-Moura donnèrent l’alarme. On les attaquait de deux côtés à la fois.

— C’est bon, dit Yoké-Moura, tout est perdu maintenant.

— Il fit venir son jeune fils Daïské.