Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/49

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de la toiture. Fatkoura marchait la première ; elle touchait de temps en temps, du bout des doigts, la balustrade de cèdre découpée à jour et poussait un petit cri à son contact brûlant. Le joli chien aux poils soyeux, qui s’était cru obligé de se joindre aux promeneurs, suivait à distance, en grommelant, sans doute, des observations sur l’insanité d’une promenade à pareille heure.

Ils tournèrent l’angle de la maison et se trouvèrent du côté de la façade, sur le palier d’un large escalier descendant vers le jardin, entre deux rampes, ornées de boules de cuivre ; une troisième rampe, placée au centre de l’escalier, le séparait en deux.

Malgré l’insupportable chaleur et la grande lumière dont la réverbération sur le sol les aveuglait, Fatkoura et le prince de Nagato feignirent de se promener sans autre but que celui de cueillir quelques fleurs et d’admirer les charmants points de vue qui se découvraient à chaque pas. Bien que les jardins parussent déserts, ils savaient que l’œil de l’espion ne se ferme jamais. Ils s’étaient hâtés de gagner une allée ombreuse et ils atteignirent bientôt un groupe de somptueux pavillons, disséminés parmi les arbres, et reliés les uns aux autres par des galeries couvertes.

— C’est ici, dit Fatkoura qui, loin de regarder du côté des habitations qu’elle désignait, s’était penchée vers un petit étang plein d’une eau si pure qu’elle était presque invisible.

— Regarde ce joli poisson, dit-elle en élevant la voix à dessein, il semble qu’on l’a taillé dans un morceau d’ambre. Et celui-là, qui ressemble à un rubis poudré d’or ; on dirait qu’il est suspendu en l’air, tant l’eau est transparente. Vois, ses nageoires sont comme de la gaze noire et ses yeux comme des boules de feu. Décidément,