— Vous m’escortez donc ? fit Nagato.
— Nous avons ordre de ne point te quitter, prince, mais l’accomplissement de ce devoir est pour nous un plaisir.
— Me feras-tu l’honneur de m’apprendre ton nom glorieux ? dit Nagato en s’inclinant.
— Tu me connais, Nagato, je suis Farou-So-Chan, seigneur de Tsusima.
— L’époux de la belle Iza-Farou que j’ai eu la gloire de voir aujourd’hui même ! s’écria Nagato. Pardonne-moi, j’aurais dû te reconnaitre aux coups terribles que tu portais à mes agresseurs, mais j’étais aveuglé par le sang.
— Je suis fier et heureux d’avoir été choisi pour te seconder, et prévenir les suites fâcheuses qu’aurait pu occasionner ton insouciante audace.
— J’ai agi, en effet, avec une impardonnable légèreté, dit Nagato ; j’avais le droit de risquer ma vie, mais non d’exposer le précieux message dont je suis porteur.
— Laisse-moi te dire, cher prince, que l’enveloppe que tu portes ne contient qu’un papier blanc.
— Est-ce possible ? s’écria Nagato, se serait-on joué de moi ? En ce cas, je ne pourrai survivre à cet affront.
— Calme-toi, ami, dit le prince de Tsusima, et écoute-moi : après la fête de ce soir, aussitôt qu’elle fut rentrée dans ses appartements, la divine Kisaki m’a fait appeler : « Farou, m’a-t-elle dit, le prince de Nagato quitte Kioto cette nuit ; je sais qu’on en veut à ses jours, et qu’il peut tomber dans une embuscade. Aussi, au lieu du message qu’il croit porter, je ne lui ai donné qu’une enveloppe vide ; la véritable lettre est ici, ajouta-t-elle, en me montrant une petite cassette.