Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/78

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plus vite si tu ne veux pas faire connaissance avec mes poings !

Le bruit de cette voix courroucée commençait à attirer la foule devant la maison. Nagato poussa un sifflement prolongé.

— Partiras-tu ! s’écria l’homme du peuple, rouge de colère.

Et, au milieu des injures les plus grossières, il leva le poing sur Nagato.

— Ne frappe pas celui qui sera ton fils, dit le prince en lui relevant le bras.

— Toi, mon fils ? Tu verrais plutôt les neiges du Fousi-Yama se couvrir de fleurs.

— Je te jure que tu seras mon beau-père, dit le prince en saisissant l’homme à bras-le-corps.

Celui-ci a beau se débattre, Nagato l’emporte hors de la maison. Je m’approche alors de la balustrade et je vois la foule amassée devant la maison s’écarter devant les coureurs qui précèdent un cortège magnifique : musique, bannières, palanquins, le tout aux armes du prince. Les norimonos s’arrêtent devant la maison et Nagato fourre son beau-père dans l’un d’eux, qu’il ferme et cadenasse. Je comprends ce qu’il faut faire, j’empoigne la vieille et je la loge dans un autre palanquin, tandis que Nagato revient chercher la jeune fille. Deux norimonos nous reçoivent et le cortège se met en marche, tandis que la musique retentit joyeusement. Nous arrivons bientôt à une habitation charmante, située au milieu du plus joli jardin que j’ai jamais vu. Tout est illuminé, on entend des orchestres cachés dans les feuillages, des serviteurs affairés courent de ci de là.

Qu’est-ce donc que ce ravissant palais ? dis-je à Nagato.