Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/82

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mes postés par moi. On croit qu’il dort ou s’occupe de ses amours ; un de mes projets va-t-il s’accomplir, sa main s’abaisse sur moi au dernier instant. Depuis longtemps l’empire serait à nous sans lui ; mes partisans sont nombreux, mais les siens ne sont pas moins forts, et il a pour lui le droit. Tiens, ce plan que j’avais si habilement combiné pour débarrasser, sous une apparence accidentelle, le pays d’un souverain sans talent et sans énergie, ce plan qui faisait tomber le pouvoir entre mes mains, qui l’a fait avorter ? quel était le cocher maudit qui a lancé sur le pont cet infernal attelage ? Nagato ! Lui, toujours. Cependant, ajouta Hiéyas, un autre, un de mes alliés, a dû trahir, car il est impossible que rien ait transpiré de ce projet. Ah ! si je savais le nom du traitre ! Je me donnerais au moins le plaisir d’une terrible vengeance.

— Je t’ai fait part de ce que j’ai pu découvrir, dit Faxibo. Fidé-Yori s’est écrié au moment de l’écroulement : « Omiti, tu as dit vrai ! »

— Omiti ! Qu’est-ce qu’Omiti ? Je ne connais pas ce nom.

Le régent s’était avancé dans la salle attenant à sa chambre, et qui n’était séparée que par un large store de la vérandah où les seigneurs attendaient son lever. De l’intérieur, ce store permettait de voir sans être vu. Hiéyas entendit prononcer le nom de Nagato ; il s’approcha vivement et fit signe à Faxibo de venir près de lui. Ils entendirent ainsi toute la narration du prince de Toza.

— Oui, murmurait Hiéyas je l’ai pris longtemps pour un homme aux mœurs dissolues et sans importance politique, c’est pourquoi j’ai d’abord favorisé son intimité avec Fidé-Yori ; combien je m’en repens aujourd’hui que je sais ce qu’il vaut !