Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/83

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— Vous voyez, maître, dit Faxibo, que le prince, sans doute averti de votre projet, n’a pas quitté Osaka.

— Moi, je te dis qu’il était à la Miako et n’en est parti que fort avant dans la nuit.

— Cependant, le prince de Toza ne l’a quitté lui-même que très tard.

— Un de mes espions l’a suivi a Kioto, il y est entré en plein jour et n’en est ressorti qu’au milieu de la nuit.

— C’est incompréhensible, dit Faxibo tenez ; le voici qui rentre, ajouta-t-il en apercevant le cortège de Nagato.

— Est-ce bien lui qui occupe la litière ? dit Hiéyas en essayant de voir.

— Il me semble l’avoir reconnu, dit Faxibo.

— C’est impossible, ce ne peut être le prince de Nagato, à moins que ce ne soit son cadavre.

À ce moment quelqu’un entra dans la chambre et se prosterna le front contre terre.

— C’est mon envoyé, s’écria Hiéyas qui revint vivement dans la première salle, parle vite ; voyons, qu’as-tu appris ? dit-il au messager.

— Je me suis rendu à l’endroit de la route que tu m’as désigné, maître tout-puissant, dit l’envoyé. À cet endroit, le chemin est tout couvert de morts. J’ai compté quarante hommes et quinze chevaux. Des paysans étaient groupés autour des morts ; ils les palpaient pour voir s’il ne leur restait pas un souffle de vie d’autres poursuivaient des chevaux blessés qui couraient à travers les rizières. J’ai demandé ce qui s’était passé on m’a dit qu’on ne le savait pas ; on avait cependant vu passer au soleil levant une troupe de cavaliers du divin mikado qui allait du côté de