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III




Ma nourrice portait un nom grec ; elle s’appelait : Damon.

C’était une de ces natures fines et rares comme on en rencontre quelquefois dans les milieux les plus contraires. Une créature tout en tendresse, dévouement, abnégation, et qui avait l’intuition des plus subtiles délicatesses. Elle était mince, blonde, avec des yeux délicieux, envoûtés dans la pénombre de profondes orbites, des mains pâles veinées de bleu, la voix très douce.

Toujours elle portait un petit châle, attaché aux épaules par des épingles, et un serre-tête blanc bordé d’une auréole tuyautée.

Elle devait avoir plus de trente ans, lorsqu’on me mit dans ses bras, car, de ses quatre enfants, Marie, Sidonie, Pauline et Eugène, l’aînée était en âge d’être mariée.

Le très humble logis était situé aux Bati-