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le collier des jours

cela me paraissait l’entrée d’un lieu très terrible, que je ne m’expliquais pas du tout, mais d’où on ne devait pas revenir.

Un jour, au cours d’un de ces vagabondages, ma chèvre disparut brusquement dans cet abîme.

Quels cris ! Quel désespoir ! Je trépignais, tout près du gouffre, cette fois, tandis que ma bonne nourrice, très perplexe, me retenait et que Marie se penchait, interrogeant les profondeurs noires.

Après un long temps d’angoisse, Marie s’écria tout à coup :

— Je la vois !

Un chevrotement lointain lui répondit :

— Comment faire pour aller la chercher ?

Ma nourrice demandait conseil à des hommes qui s’étaient approchés.

Mais bientôt la tête blanche et cornue émergea de l’ombre. De pierre en pierre, la chèvre remontait par sauts, puis elle bondit dehors.

Elle n’avait rien de cassé, et on n’a jamais su si elle était descendue, dans cet abîme effrayant, pour voir un peu ce que c’était.