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le second rang du collier

celui de Frontin ; ma mère, celui de Valère. On chargea Rodolfo de jouer l’ivrogne Champagne. Le rôle d’Inès fut distribué à ma sœur, et celui de Marinette à moi.

Mlle Favart, qui habitait à Neuilly, voulut bien venir nous donner quelques conseils ; elle assista à plusieurs répétitions et dirigea la mise en scène.

Puvis de Chavannes avait demandé la faveur de peindre les décors. Pour qu’il pût les exécuter sur place, et dans la mesure voulue, on convoqua Belloir, qui édifia tout de suite le théâtre. Cela fut aussi plus commode pour nous. Puvis travaillait sur place, et nous répétions en scène.

Cette construction légère, couverte de coutil blanc et rouge, s’étendait sur la terrasse et en tenait toute la largeur entre la maison et le parapet. L’escalier du jardin était masqué, et il fallait, pour l’atteindre, traverser « la salle ». La scène communiquait par la porte vitrée, avec la salle à manger, qui nous servait de loge.

On n’était plus occupé à la maison que de la représentation. Les bonnes, submergées dans les plis blancs, cousaient des mètres de calicot pour les décors, tandis que des menuisiers clouaient des châssis. Avec ma mère, nous courions Paris, en quête d’étoffes pour les costumes. Nous prenions leurs modèles dans un ouvrage de Maurice Sand sur la comédie italienne, publié récemment et intitulé : Masques et Bouffons.