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le second rang du collier

sceptique et mordant. Il racontait, en ménageant l’effet, des anecdotes qui valaient surtout par la pointe finale. Mais comme, à pétrir les blocs humides de terre glaise, il avait contracté un enrouement qui le rendait à peu près aphone, le souffle lui manquait bientôt et le dernier mot lui restait presque toujours dans la gorge, de sorte que l’auditeur, après avoir attendu patiemment le trait spirituel, ne l’entendait pas. J’en ai entendu et retenu cependant quelques-uns.

Préault reçoit un jour la visite d’un personnage long, maigre, triste, sinistre, qui sollicite de lui une lettre de recommandation pour La Rounat, alors directeur de l’Odéon.

— Quels rôles jouez-vous ? lui demanda le sculpteur.

— Les comiques !…

Alors il écrit à La Rounat :

« Je vous présente M. Un Tel, qui désire un emploi dans votre troupe. Il se dit comique. S’il l’est, remerciez-moi ; s’il ne l’est pas, remerciez-le. »

Il redisait volontiers ce mot, assez connu, et que l’on cite souvent, mais sans l’attribuer à son véritable auteur.

Une veuve était venu le trouver, un jour, pour le prier, en sa qualité de sculpteur, de vouloir bien se charger de graver, sur une stèle funèbre, une épitaphe pour son mari défunt. Elle voulait une