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le second rang du collier

dont Pasdeloup avait compris et interprété les maîtres, le mouvement trop lent qu’il avait donné, par exemple, à l’andante de la symphonie en la !

— Il en fait une marche funèbre.

— Et il a raison, car c’en est une.

— Non, c’est un cortège nuptial.

— Mais qui semble attristé par le désespoir d’un amant trahi.

En général, nous étions du parti de Pasdeloup.

On lui devait une telle reconnaissance, qu’il nous paraissait monstrueux de lui chercher chicane.

Nous en voulions beaucoup à Reyer, qui avait écrit : « M. Pasdeloup sera dirigé par l’orchestre », et qui, méchamment, l’appelait toujours « pied de loup ».

Quelquefois le grand chef lui-même, fendant la foule, descendait aussi le boulevard. Serré dans son paletot, roulant comme une boule, il était tout de suite reconnu à la couleur paille de sa belle barbe. Son allure affairée et rapide dépassait vite notre pas de flânerie. Alors, nous courions après lui, pour tâcher de savoir ce qu’il jouerait au prochain concert, mais il était cachottier et mystérieux, ne promettait rien.

Des musiciens de l’orchestre passaient aussi, un foulard au cou, portant leur violon dans l’étui noir. Nous en reconnaissions quelques-uns, des plus en vue sur l’estrade.

À cette époque, Flaubert, quand il n’était pas à