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le second rang du collier

après-midi entiers chez elle. Elle habitait rue Frochot, un appartement, au premier ou au second, je ne sais plus trop. L’escalier n’était pas grand, et il n’y avait qu’une porte par étage, ni à droite ni à gauche, mais au milieu du palier. La porte avait deux battants couleur de palissandre.

L’antichambre, qui n’était qu’une sorte de couloir, apparaissait gaie et riante. Un vitrage donnant sur des jardins l’éclairait vivement à travers des stores légers sur lesquels étaient peintes des branches fleuries. Dans une volière, pleine de perruches, de bouvreuils et de bengalis, criant et chantant à qui mieux mieux, les ailes frissonnaient devant la lumière, et les aboiements mièvres de deux petits griffons, accourus en toute hâte, ajoutaient au joyeux vacarme qui vous accueillait dès le seuil.

La salle à manger s’ouvrait juste en face de la porte d’entrée, et ce lieu célèbre, où l’on prodiguait chaque semaine tant d’esprit et tant de verve, n’était ni très vaste ni très somptueux. La pièce, tendue d’étoffe rouge sombre, montrait des tableaux et des faïences pendus symétriquement. La table de chêne, massive et carrée, devait s’étirer jusqu’aux murailles pour les festins du dimanche.

À droite de la salle à manger, trois pièces en enfilade se bloquaient l’une l’autre : le boudoir, la chambre à coucher, et, tout au fond, le cabinet de toilette. Cela joliment capitonné, ouaté, confortable et frais.