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le second rang du collier

Après tout, était-il donc si indispensable de savoir les quatre règles et n’était-il pas possible de les enjamber et de pousser plus loin ?

Je décidai que oui ! que j’allais essayer d’apprendre.

Rodolfo, autrefois élève du grand-père Gautier, s’était montré digne de ses leçons, sévères, mais fécondes ; il se chargea d’être mon professeur.

Cela marcha bien tout d’abord ; j’avançais assez vite, très enthousiasmée, dissimulant adroitement, je ne sais plus par quels moyens, mon ignorance des premiers principes. Mais Rodolfo finit, cependant, par la deviner ; alors tout se gâta, car il prétendit m’enseigner ces maudites quatre règles ; à cela je ne voulus jamais consentir. Les séances se firent orageuses et, après les discussions et même les disputes violentes, j’envoyais livres et cahiers dans les jambes du professeur : il en fut fait des mathématiques…

Privée de cette étude, je sentis un grand vide dans mes journées, et bientôt j’entrepris autre chose.

Il y avait au second étage, au-dessus du cabinet de toilette qui séparait la chambre de ma mère de celle de mon père, une petite pièce entièrement remplie de vieux livres : une grande partie de la bibliothèque, léguée à Théophile Gautier par l’abbé de Montesquiou, s’entassait sur les rayons très larges qui s’enfonçaient sous les pentes de la petite chambre mansardée.