Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
le second rang du collier

que vous vous adressez, spécialement, à cette dame. On n’a pas idée d’une pareille insolence !…

Le garçon riposta brutalement et le monsieur s’élança sur lui, dans le brouhaha de toute la salle en émoi. Je m’enfuis, entraînant le chinois très ahuri, au moment où, par-dessus des têtes, était brandi un fauteuil !…

Plus tard, on nous autorisa à emporter de la Bibliothèque les livres dont nous avions besoin. Nous nous installions alors, pour travailler, dans un coin du salon, près de la fenêtre de la rue ; mais j’avais à lutter contre la paresse, tout orientale, de Ting-Tun-Ling, qui accaparait le grand fauteuil et s’y endormait volontiers.

Mon père s’intéressait extrêmement à la traduction de ces poèmes chinois ; il les arrangeait quelquefois en vers. Malheureusement, il n’en écrivit que des brouillons et je crains bien qu’aucun n’ait été conservé. Je n’ai pu retrouver dans ma mémoire que les deux vers qui terminaient la pièce intitulée : l’Épouse vertueuse :


Avant d’être ainsi liée,
Que ne vous ai-je connu !


Le rhythme était de sept pieds, comme dans l’original chinois.

Il aima beaucoup mon premier livre et me fit l’exquise surprise d’écrire quelques lignes sur lui,