Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
le second rang du collier

devant la porte, pour aller jusqu’à un fiacre, et courir à toute bride chez le tailleur.

Nous essayions de patienter.

— Toujours quelque anicroche à ma toilette me taquine, quand j’ai affaire à des souverains ! disait Théophile Gautier. En Espagne, le jour où l’on me présenta à la reine, j’avais un gilet de nankin, fraîchement empesé et rétréci au blanchissage, si bien qu’il fut impossible d’attacher la boucle. Au mouvement que je fis pour saluer, je sentis un claquement dans le dos : la toile, brûlée par l’empois, cédait !… À mesure que je m’inclinais, la déchirure augmentait, avec un bruit qui me paraissait formidable, tandis que le devant du gilet bouffait, d’une façon grotesque. J’aurais voulu être à six pieds sous terre… et je fus parfaitement stupide.

Rodolfo revint.

— Eh bien ! dit-il, le paquet est arrivé ?

— Pas du tout !

— Comment ? Il y a plus de deux heures que celui qui le porte est parti, et il avait l’ordre de prendre une voiture !

— Il a peut-être perdu l’adresse et est retourné là-bas pour la redemander.

On attendit jusqu’à la dernière minute, mais mon père, très anxieux, dut se mettre en route sans emporter la culotte courte. Il était entendu que Rodolfo la porterait à Compiègne,