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le second rang du collier

Dans la journée, la princesse envoya des fleurs, accompagnées d’une lettre : elle remerciait de la bonne soirée de la veille et indiquait les jours privilégiés où elle recevait seulement ses amis.

Paris commençait à s’occuper d’elle ; dans toutes les fêtes officielles elle faisait sensation, par son allure, sa beauté et ses toilettes, très magnifiques. On racontait qu’elle avait une fois sauté au cou de sa couturière, qui lui livrait une robe particulièrement admirable, et s’était écriée :

— Mais tu n’es pas ma couturière, tu es mon amie !…

Théophile Gautier retourna chez la princesse et prit plaisir à la fréquenter ; il s’établit entre elle et lui ce que nous appellerions aujourd’hui « un flirt », mais le mot n’était pas encore à la mode. Elle recherchait son avis et ses conseils en maintes circonstances et ses envoyés parcouraient sans cesse la route de Neuilly. Quand le père était absent, nous dissimulions autant que possible, pour les lui donner en particulier, les lettres, bien faciles à reconnaître, qui venaient de la princesse. Nous avions remarqué qu’il évitait de parler d’elle, excepté avec nous : non qu’il eût rien à cacher, mais il lui eût été pénible d’entendre formuler sur elle quelque appréciation désobligeante.

Un soir, vers dix heures, un équipage s’arrêta devant notre porte. La voiture était vide et le valet de pied remit un billet très pressant : la princesse