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le second rang du collier

La joie et la surprise de Marguerite furent extrêmes et elle les exprima avec beaucoup de grâce, au milieu des acclamations et des applaudissements.

Le soleil était couché ; une pénombre grise nous enveloppait, sous le couvert des arbres, et rendait la compagnie moins bruyante et plus rêveuse. Dans le silence, on entendit l’eau, qu’on ne voyait plus, clapoter contre les rives ; mais la lune qui montait commençait à éclairer. Alors un arpège léger résonna, exauçant, tout à coup, le désir confus de tous, d’entendre de la musique.

C’était Mohsin-Khan qui avait pris sa guzla et préludait.

Il chanta une mélodie, mélancolique et passionnée, à laquelle les mots inconnus ajoutaient du mystère ; sans le comprendre, on devinait un chant d’amour, douloureux et ardent, et l’on écoutait, avec recueillement, la voix émue qui le disait.

Aux dernières notes, la lumière de la lune tomba sur le chanteur, jusque-là dans l’ombre, et l’on crut voir, en ses yeux, briller des larmes.