Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
256
le second rang du collier

quette de Saint-Pétersbourg », — comme disait mon père, — si l’on se trouvait chez quelque jeune artiste. À la fin de la soirée, toutes les œuvres étaient réunies, et vendues, le lendemain même, à quelque marchand, qui les payait fort bien. On formait ainsi, en l’accroissant chaque vendredi, un capital dont l’emploi était réservé à aider les Vendrediens, dans les quelques moments difficiles auxquels chaque artiste est exposé par profession. À part le comité de la société, à qui tous pouvoirs étaient donnés, personne ne savait le chiffre de la somme remise, et moins encore le nom de la personne qui la recevait.

Théophile Gautier s’efforça de fonder à Paris une société analogue à celle-là. Sa proposition avait été accueillie par les artistes avec enthousiasme, et cependant le projet n’aboutit pas.

Un autre hongrois, un virtuose du violon, Remenyi, qui faisait une tournée triomphale, fut aussi, pendant quelque temps, un assidu des jeudis. Mon père l’appréciait beaucoup, et Remenyi se prodiguait pour lui, nous donnait de superbes concerts, auxquels tous nos amis étaient heureux d’assister. Une fois même, Berlioz, curieux d’entendre l’artiste hongrois, fut des nôtres ; Remenyi se surpassa et Théophile Gautier a fixé le souvenir de cette intéressante soirée :


L’autre soir, dans la libre intimité d’une réunion amicale, nous avons entendu le violoniste hongrois Remenyi. C’est