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le second rang du collier

Elle revint à la maison, où nous n’étions pas encore rentrés, et remit Margot dans sa cage.

Le lendemain seulement, l’aspect rafraîchi, pimpant et guilleret de la pie nous frappa : des plumes neuves lui avaient poussé, elle était plus mince, et son œil vif et malin nous regardait avec une expression toute nouvelle. Notre surprise était extrême : nous ne savions pas que les pies avaient la faculté de rajeunir ! Sous la promesse formelle de ne pas être grondée, la bonne finit par avouer l’aventure, et nous comprîmes qu’un assez singulier hasard lui avait fait rencontrer un oiseau de même espèce que celui qu’elle cherchait, mais que ce n’était pas le même.

La nouvelle Margot valait beaucoup mieux que l’autre et devint extrêmement amusante. On finit par la laisser libre, dans la maison et dans le jardin : sa cage était toujours ouverte, et elle y revenait quand elle voulait, ne songeant guère à s’échapper. Ses rapports avec les chats étaient des plus comiques : elle les poursuivait, leur tirait la queue et semblait vraiment éclater de rire, en se moquant de leur indignation. C’était une fieffée voleuse ; mais, comme elle cachait ses larcins sur nos genoux, ou dans les plis de nos robes, il n’y avait pas grand mal. Elle ne parlait pas, — sauf un très vilain mot qu’elle semblait dire plutôt qu’elle ne le disait ; — mais elle avait des coua coua d’une éloquence très suffisante. Quand elle rentrait du jardin, pour récla-