Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/343

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APPENDICE





note de la page 86.


Dans les Mémoires écrits en français, de Jacques Casanova, on peut lire à la page 179 du 2e volume de l’édition Rozez, de Bruxelles :

« Les dieux qu’on adore ici, quoiqu’on ne leur élève pas des autels, sont la nouveauté et la mode. Qu’un homme se mette à courir et tout le monde lui court après. La foule ne s’arrêtera qu’autant qu’on découvrira qu’il est fou ; mais c’est la mer à boire que cette découverte, car nous avons une foule de fous de naissance qui passent encore pour des sages.

« Le tabac de la Civette n’est qu’un faible exemple de la foule que la moindre circonstance peut attirer en un endroit. Le roi étant un jour à la chasse se trouva au port de Neuilly et eut envie d’un verre de ratafia. Il s’arrête à la porte du cabaret et par le plus heureux des hasards, il se trouve que le pauvre cabaretier en avait une bouteille. Le roi, après en avoir pris un petit verre, s’avisa d’en demander un second, en disant qu’il n’avait de sa vie bu de ratafia aussi délicieux. Il n’en fallait pas tant pour que le ratafia du bonhomme de Neuilly fût réputé pour être le meilleur de l’Europe. Le roi l’avait dit. Aussi les plus brillantes compagnies se succédèrent sans interruption chez le pauvre cabaretier qui est aujourd’hui un homme fort riche et qui a fait bâtir à l’endroit même une