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le second rang du collier

— Même quand on n’a pas faim, tu crois que c’est par méchanceté !

— Évidemment ! Et j’ai raison. C’est une façon détournée, mais perfide, de faire ressortir mon appétit, de me faire paraître un goinfre, un glouton, un mâche-dru, capable de s’empiffrer plus que Gamache, Gargantua et l’ogre du Petit Poucet.

Souvent, au milieu de ces belles discussions, Dumas fils, qu’on n’avait pas entendu sonner, entrait et nous contemplait de la porte.

— Quelle drôle d’heure pour déjeuner ! grognait-il.

Et il allait s’asseoir dans un coin, près d’une des fenêtres.

Alors mon père essayait de lui démontrer que cette heure était la meilleure possible pour prendre le premier repas, le seul sérieux ; qu’elle avait l’avantage de ne pas couper la journée en deux et qu’elle permettait, même si l’on s’accordait l’indispensable flânerie de la digestion, de se mettre au travail, sans avoir l’estomac chargé, entre midi et une heure, ou de commencer les pérégrinations, si l’on était forcé de sortir.

Mais Dumas fils n’était pas du tout convaincu.



Un autre personnage, un vieil ami de la famille Hugo, que mon père connaissait aussi, était venu