l’on ne sait plus se corriger même pour la meilleure et la plus charmante personne.
Croyez, mademoiselle, que je garderai toujours le souvenir du plaisir que vous m’avez donné.
— Oui, me dit mon père, il a été prodigieusement étonné : il ne voulait pas croire que l’article ne fût pas de moi. J’ai eu de la peine à le convaincre, et il m’a dit cette phrase bizarre : « J’en appelle à ta candeur ! » Je lui ai affirmé que je n’ai bien compris le livre qu’après ton analyse… Il trouve que tu as l’esprit d’ordre, qualité des plus rares, déclare-t-il, chez les femmes surtout.
De nouvelles surprises m’étaient réservées : le Moniteur paya l’article !… Mon père m’apporta, un soir, 80 francs et 40 centimes. Je gardai longtemps la somme dans ma poche, où je la faisais sonner, continuellement, sans savoir à quoi l’employer. Puis, très gracieusement, Arsène Houssaye, apprenant ce début, me fit cadeau d’une bague, — une jolie émeraude, entourée de roses, — pour consacrer le souvenir, disait-il, de la publication de mon premier article.
Et ce ne fut pas tout : des choses graves se produisirent, qui furent accueillies par nous plutôt gaiement. Le Moniteur, journal officiel, fut pris à partie pour avoir publié un article antireligieux, — puisqu’il parlait de la création du monde en d’autres