Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/138

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On avait fouillé la tente sans rien découvrir. Tout était en ordre et tout était changé de place cependant. Les grands chandeliers qui brûlaient au pied du lit avaient été transportés au chevet ; les sièges qui étaient à droite étaient à gauche.

— Ah ! homme terrible mais lâche et sournois ! Sors donc de ta forteresse et viens te mesurer avec moi, s’écria Homphroy en tendant le poing dans la nuit.

— Pas de menaces vaines, dit le roi. Puisque Raschid ed-Din ne m’a pas tué, m’ayant en son pouvoir, c’est qu’il ne veut pas ma mort… Dès que le jour sera venu, nous nous efforcerons de lui faire parvenir la lettre que je vais écrire.

Amaury rentra sous sa tente et appela auprès de lui le chancelier Guillaume, qui remarqua, avec chagrin, combien le roi paraissait troublé et abattu.

— Sire, remettez-vous, dit-il : le ciel ne vous abandonnera pas.

— Ah ! Guillaume, vois à combien peu tient notre vie.

— Un soldat du Christ doit être prêt à toute heure à paraître devant son Juge.

— Ce n’est pas la mort qui m’effraye, tu le sais