Page:Gautier - Tableaux à la plume, Fasquelle, 1880.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on prendrait volontiers cette sainte assemblée pour un pandémonium. Le caractère poussé à outrance arrive à la férocité. Il y a surtout une certaine tête de moine, engloutie dans sa cagoule, qui dépasse toutes les terreurs du cauchemar. Figurez-vous un masque exsangue, disséqué par les macérations, un parchemin mouillé collé sur une tête de mort, dont les yeux noirs, pétillant d’une méchanceté diabolique, semblent promettre aux incrédules les plus raffinés supplices de l’enfer. La bouche bleuâtre, bizarrement tordue, a un sourire inexplicable et qui fait peur. C’est le sourire de l’ascétisme et de la folie dansant sur la nature détruite.

Les deux tableaux de Zurbaran représentent l’un une assemblée d’évêques, l’autre saint Pierre Nolasque à son lit de mort. Ils sont de la plus belle conservation, sauf un vernis jaune qui donne des tons de vieille cire aux draperies blanches et que quelques jours de travail feront disparaître.


(Le Moniteur universel, 3 août 1858.)