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chapitre v

clarait à tout venant qu’il ne l’était pas et qu’il ne pouvait pas l’être, puisque sa doctrine était celle de l’Église même. Angélique s’en tenait à cette déclaration, et sa soumission était parfaite. Voici ce qu’elle disait à ce sujet dans une lettre du 22 août 1653[1] : « Tant s’en faut que pas un des disciples de saint Augustin ait été ébranlé ; plusieurs au contraire [qui n’étaient pas augustiniens] et d’autres qui étaient indifférents, voyant que tant d’efforts et de si puissantes cabales n’avaient produit qu’un décret si peu favorable aux prétentions des disciples de Molina, ont admiré la providence de Dieu et ont reconnu sa protection visible pour la vérité. » Il est question des Jésuites dans cette lettre, parce qu’ils venaient de manifester leur antipathie pour Henri Arnauld, évêque d’Angers, frère d’Antoine Arnauld et de la mère Angélique, en refusant, pour eux et pour leurs innombrables élèves de la Flèche, de participer au Jubilé qui avait amené à Angers plus de trois cent mille fidèles. « Cela est pitoyable, dit Angélique, et je vous assure que, plus je pense à cette pauvre compagnie, plus j’ai de douleur de leur état, lequel surprend la plupart du monde, qui les craint plus qu’il ne les aime. Il y en a apparemment quelques-uns de bons, car Dieu a ses serviteurs partout. Enfin ce sont nos frères, et nous sommes obligés de prier beaucoup pour eux, quoiqu’ils disent que c’est une grande présomption à nous de le faire. Que Dieu nous fasse miséricorde à tous, nous faisant vraiment humbles et charitables. »

Voici enfin, dans cette même lettre digne de l’histoire, une déclaration catégorique : « Le témoignage

  1. Tome II, p. 365.