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histoire du mouvement janséniste

C’est la même chose partout ; il n’y a pas dans ces interrogatoires une seule note discordante. Les religieuses mêmes qui depuis se sont si mal conduites, la Sœur Dorothée Perdreau et la Sœur Flavie Passart, exprimaient les mêmes sentiments que les autres, et il y a tout lieu de croire qu’elles étaient parfaitement sincères ; la grâce ne leur avait pas encore manqué. La Sœur Marie de Sainte-Dorothée Perdreau répondit textuellement au visiteur qui lui demandait si elle avait quelque peine : « Je n’en ai point, que celle de n’aimer pas Dieu autant que je le devrais et que je voudrais. Je n’ai sujet au reste que d’être fort contente. Il y a entre nous une union fort grande, Dieu merci ! » Et la Sœur Catherine de Sainte-Flavie Passart, ancienne religieuse de Gif, qui avait alors cinquante-deux ans, répondit à la question suivante : « Comment tout va-t-il dans la communauté, n’avez-vous à vous à vous plaindre de personne ? — R. Non, mon Père, tout va parfaitement bien. C’est une union, une charité, et une bonté si grande que l’on ne peut se plaindre de qui que ce soit[1]. »

On peut arrêter sur ces deux dernières citations les emprunts faits aux interrogatoires de 1661, si riches en renseignements qui n’ont pas encore été utilisés ; mais l’Histoire des persécutions dont ils font partie donne aussi des listes très exactes, et l’on y peut voir, ce qui n’est pas indifférent, à quelles familles appartenaient les différentes personnes qui vivaient alors à Port-Royal, les professes de chœur et les converses, les novices, les postulantes, et enfin les pensionnaires petites et grandes. On verra, en examinant rapidement ces listes, quels étaient les liens qui rattachaient

  1. Hist. des persécutions, p. 160 et 95.