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chapitre viii

ou moins indifférents en matière religieuse. La Rochefoucauld notamment ne doit rien à Pascal ni à Port-Royal ; et cependant on sait par des découvertes toutes récentes qu’il allait chez Mme de Sablé, non pas, comme le croyaient Sainte-Beuve et Victor Cousin, auprès de Port-Royal, mais dans Port-Royal même. L’appartement de la marquise, celui où furent dégustés tant de potages exquis, où furent préparées les Maximes, était immédiatement au-dessus du chapitre des religieuses. On pouvait sans en sortir faire une prière ou écouter les chants liturgiques dans la loge grillée qui donnait sur le chœur des religieuses, immédiatement au-dessus de la tombe d’Angélique Arnauld. C’est là que furent donnés, au plus fort de la persécution de 1665, les derniers bons à tirer de tant de Maximes si franchement païennes.

Port-Royal ne cherchait nullement à exercer son influence sur les gens de lettres, car les disciples de Saint-Cyran, bien qu’ils fussent réputés bons écrivains, n’ont jamais eu l’idolâtrie de la forme ; on écrivait pour se faire entendre et non pour se faire admirer. Ceux mêmes qui auraient eu naturellement les grâces du style, comme Hamon, Quesnel et Duguet, ont dédaigné ces avantages, si bien qu’il n’y a, Pascal et Racine mis à part, ni littérature ni poésie proprement jansénistes[1].

Même observation pour les beaux-arts, pour l’architecture, pour la peinture et pour la musique ; la Mère Angélique à simplifié à l’excès les plans de Le Pautre. Pour les tableaux, les constitutions veulent qu’on sup-

  1. Voir au sujet des écrivains de Port-Royal : Histoire de la langue et de la littérature française publiée sous la direction de Petit de Julleville. — Paris, Armand Colin, tome IV (1897), p. 560-627. Ce que j’ai dit dans ce long chapitre, je ne pourrais que le répéter ici.