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chapitre premier

parer, c’est la Politique sacrée de Bossuet, qui ne vise pas le moins du monde à l’originalité. Jansénius répète à satiété qu’il ne cherche point à dogmatiser pour son compte, et qu’il ne se porte même pas garant de l’orthodoxie des propositions qu’il transcrit. Son ambition se borne à exposer fidèlement et méthodiquement les théories du maître. « Je ne me mets pas en peine, dit-il en propres termes, si les maximes que je produis dans mon livre sont vraies ou fausses, mais seulement si elles sont de saint Augustin, qui a eu assez d’éloquence pour expliquer ses sentiments. Après que j’aurai prouvé évidemment qu’il a eu ceux que je lui attribue, ce sera à lui à répondre de leur vérité ou de leur fausseté[1]. »

Il y a plus : dans ce même chapitre préliminaire où se lit cette déclaration, dans sa préface, dans sa conclusion, dans une épître dédicatoire au pape dont le manuscrit autographe fut présenté au grand Condé en 1648, et en dernier lieu dans son testament, Jansénius ne cesse de protester qu’il est le fils soumis de l’Église romaine ; il affirme « qu’il soutiendra, qu’il rejettera, qu’il condamnera ou anathématisera tout ce que Rome aura voulu soutenir, rejeter, condamner ou anathématiser, et cela parce qu’il veut vivre et mourir dans la communion de cette Église ». Voilà ce qu’on peut lire à la fin de son Epilogus. Dans la lettre à Urbain VIII, que les premiers éditeurs ont supprimée parce qu’elle faisait double emploi avec le testament, Jansénius n’était pas moins humble, car il prenait pour juge « le pape, le vicaire de la voie, de la vérité et de la vie.… Je n’ai rien pensé, ajoutait-il, rien dit, rien écrit que je

  1. Lib. pro œm. c. 29. La traduction est empruntée à un opuscule de 1644.