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chapitre ix

tous ceux qu’il lui a donnés, et qu’aucun ne périsse.

« Cette rencontre nous parut une espèce de prophétie, et nous confirma dans la résolution de nous attendre à tout ce que Dieu nous proposait ; mais avec la consolation que ce serait Jésus Christ qui surmonterait encore une fois le monde en nous par la vertu de sa grâce toute-puissante, pourvu que nous demeurassions unies dans la charité qui est notre force.

« L’une de nous lut ensuite tout haut la profession de foi, toutes étant à genoux en leur rang dans un profond recueillement et dans une grande attention. Et ensuite notre Mère la première, et les autres par ordre, se levèrent de leur place pour aller l’une après l’autre mettre la main sur les saints Évangiles, et baiser le livre en signe qu’elles embrassaient et juraient tous les articles de foi dont elles venaient de faire profession. Jamais rien ne fut plus édifiant que cette cérémonie, qui fut faite avec une gravité et une dévotion toute extraordinaire. L’on poursuivit ensuite le reste de l’Acte dont cette profession de foi fait une partie, et l’après-dînée il fut signé de toute la communauté[1]. »

Cette profession, qu’on pourra toujours citer pour prouver l’orthodoxie des prétendus jansénistes, car c’est à vrai dire le Credo de Port-Royal, faisait en effet partie d’un acte que la communauté aurait voulu passer devant un notaire ; elle venait à la suite de plaintes au sujet des persécutions antérieures ; c’était comme un testament spirituel fait à l’article de la mort. Ce credo était très explicite, mais il n’y est pas dit un mot de la Grâce efficace ou suffisante, et saint Augustin n’y est pas nommé. Il se terminait par la déclaration suivante, relative au mandement de Péréfixe et au

  1. Hist. des persécutions, p. 284.