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histoire du mouvement janséniste

Pour remplacer l’abbesse, pour gouverner les quarante-sept religieuses de chœur et les quatorze converses qui restaient, Péréfixe introduisit la Mère Eugénie de Fontaine et les cinq visitandines qu’elle avait amenées avec elle, et c’était un surcroît d’affliction pour les filles de la Mère Angélique de recevoir à titre de geôlières des religieuses de la Visitation, alors que la dernière lettre de la Mère de Chantal à l’abbesse de Port-Royal était pour souhaiter l’union intime et indissoluble des religieuses de ces deux maisons. Sainte Chantal, qui n’aimait pas les Jésuites, n’avait pas prévu que ces Pères fanatiseraient au lendemain de sa mort quelques-uns des monastères qu’elle avait fondés. Elle n’avait pas prévu non plus que le cordicolisme des Jésuites sortirait de son cher Paray-le-Monial. L’installation de la Mère Eugénie se fit au milieu des réclamations et des oppositions de toute la communauté ; mais l’archevêque passa outre, il traita les appelantes de folles, et les menaça de nouveaux enlèvements. Et voici comment se termina cette journée dramatique entre toutes : « Ma sœur Geneviève le supplia instamment, dit la Relation, de nous donner sa bénédiction. Il répondit que ce serait de tout son coeur, et nous la donna en se recommandant plusieurs fois à nos prières, et nous assurant qu’il nous honorerait souvent de ses visites[1]. »

Péréfixe revint en effet, et même à satiété, mais sans arriver au but qu’il s’était proposé ; il avait cru que la disparition des mères et des sœurs les plus influentes amènerait à bref délai la soumission des autres ; c’est à peine si à force de prières, de promesses et de menaces il obtint finalement une dou-

  1. Histoire des persécutions, p. 309.