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chapitre ix

zaine de signatures. Parmi les signeuses, il y avait quatre filles en démence, quelques têtes faibles, et finalement deux intrigantes qui jouèrent un rôle véritablement odieux : la Sœur Dorothée Perdreau, et la Sœur Flavie Passart, qui occupent une bien petite place dans le Port-Royal de Sainte-Beuve, et qui devraient être l’objet d’études très détaillées. Le reste de la communauté, c’est-à-dire en définitive près de quatre-vingts religieuses, mit en pratique les avis que la Mère Agnès avait rédigés en vue de la persécution dès le mois de juin 1663. Elle avait prévu l’enlèvement de l’abbesse, l’intrusion d’une abbesse ayant des bulles de Rome, le gouvernement de la maison par des religieuses étrangères, et enfin les mauvais traitements et la privation des sacrements, même à la mort. Grâce à ces instructions, les religieuses devenues prisonnières dans leur propre couvent ne furent jamais prises au dépourvu. Quand on leur enleva le 26 août, le 29 novembre, et finalement le 19 décembre, celles qui pouvaient les guider, leurs mères d’abord et l’admirable Sœur Angélique de Saint-Jean, et ensuite les jeunes sœurs qui avaient fait preuve d’initiative, Élisabeth Le Féron, Eustoquie de Brégy et Christine Briquet, il s’en révéla d’autres, comme cette Geneviève de l’Incarnation Pineau qui n’est pas même nommée dans Sainte-Beuve. La Sœur Pineau (1607-1675) est la seule religieuse que la Mère Angélique ait violentée pour la faire entrer au couvent, dont elle avait horreur ; et nulle ne fut plus fidèle à sa vocation. Elle a laissé un récit très animé de son entrée en religion. Durant la persécution de 1664-1665, elle joua un rôle très important, et Péréfixe eut tort de ne pas la faire enlever, car elle sut tenir tête aux persécuteurs, et elle a écrit une relation de ces événements qui est un document his-