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chapitre ix

dernière fois, la cause de ces saintes religieuses, ou plutôt celle de Dieu, était défendue par des écrits lumineux. M. Arnauld, aidé de M. Nicole, entreprit de faire connaître leur innocence. L’Apologie de Port-Royal, les Imaginaires (Racine aurait pu ajouter les Visionnaires, il n’a pas osé, car il pleurait toujours le vilain rôle qu’il avait joué à cette époque), et tant d’autres ouvrages solides et convaincants manifestaient à toute la terre l’injustice de cette persécution. Mais comme on ne pouvait montrer l’innocence des. religieuses sans dévoiler la turpitude (voilà un bien gros mot) de leurs persécuteurs, ces mêmes écrits, qui justifiaient les religieuses opprimées, mettaient en fureur leurs ennemis, qui les persécutaient avec encore plus de chaleur. »

Il est certain que dans ces écrits, contemporains des premières satires de Boileau, on ne ménage guère Péréfixe et le Père Annat, et Chamillard, et Desmarets de Saint-Sorlin, le triple fou qui agissait de concert avec l’archevêque, et la Mère Eugénie de Fontaine, et enfin Dorothée Perdreau et Flavie Passart. Les Imaginaires, la 6e surtout, datée du 25 juin 1665, sont d’une vigueur étonnante, et le doux Nicole, qui y malmène le Père Annat à la manière de Pascal, a bien mérité des religieuses de Port-Royal, dont il a pris victorieusement la défense[1]. Il en fut de même de Claude Lancelot, dont Sainte-Beuve aurait admiré l’énergie et l’esprit d’initiative, s’il lui avait été donné de connaître la belle lettre contre Racine dont l’autographe est au musée de Port-Royal des Champs et les

  1. La Mère Angélique, qui désapprouvait les Provinciales, n’aurait pas admis des pamphlets de cette violence. On sait par Nicole lui-même que Mme  de Longueville, l’abbé de Barcos et quelques autres ne les goûtaient pas.