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chapitre premier

sotte prétention d’y introduire des opinions nouvelles.

Les Jésuites seuls ne firent pas entendre leur voix dans ce concert d’approbations et de louanges. Bien plus, ils remuèrent ciel et terre à cette occasion, et ils firent intervenir l’internonce de Bruxelles et le propre neveu du pape, d’abord pour arrêter l’impression du livre, et ensuite pour en interdire le débit. Ce n’est pas leur faute si l’Université de Louvain, faisant droit aux requêtes de l’imprimeur Zegers, laissa enfin paraître un ouvrage que les Jésuites étaient seuls à ne pas approuver.

Somme toute, on voit que Jansénius, un hérésiarque posthume, ce qui implique une contradiction grossière, ne saurait être comparé à Wiclef, à Luther, à Calvin et aux autres chefs de sectes ; nous voilà donc, par une conséquence rigoureuse, en présence d’un corps sans tête, d’une hérésie dont l’auteur n’a jamais pu être déclaré hérétique. On ne saurait donc, sans injustice, rendre ce bon Flamand responsable des troubles qui ont agité l’Église après sa mort ; il en est innocent comme le diacre Pâris sera innocent, quatre-vingt-dix ans plus tard, des désordres du petit cimetière de Saint-Médard. Mais puisqu’une lutte déjà deux fois séculaire s’est engagée sur son nom, puisque les adversaires de la grâce efficace par elle-même lui ont fait l’honneur de s’attaquer à lui de préférence, puisqu’ils ont donné à l’augustinisme le nom de jansénisme et qu’ils l’ont fait condamner comme tel, force nous sera de les suivre sur ce terrain, et nous aurons à considérer Jansénius comme le véritable chef du mouvement janséniste à la date de 1640.