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chapitre ix

Beauvais, François Caulet de Pamiers et Nicolas Pavillon, d’Aleth.

On ne saurait dire que ces quatre prélats se soient concertés dès le début de l’affaire des cinq propositions, car ils ne se connaissaient même pas alors, et plusieurs d’entre eux avaient commencé par voir ces questions d’un œil indifférent, ou même avec de fortes préventions. Henri Arnauld tenait pour Port-Royal, car il était frère d’Antoine Arnauld et de la Mère Angélique, et il avait été sacré en 1650 dans l’église toute neuve du monastère de Paris. Mais en raison même de sa parenté, qui le rendait plus que suspect, il ne pouvait pas prendre utilement la défense des religieuses persécutées ; il était condamné à n’être qu’un évêque à la suite. L’évêque de Beauvais, Choart de Buzanval, était annihilé, ou peu s’en faut, par la révolte de la plus grande partie de ses chanoines. Cette grave affaire occupe des centaines de pages dans l’Histoire ecclésiastique de son fidèle chanoine Godefroi Hermant. François Caulet, enfant chéri de saint Vincent de Paul et disciple de l’abbé Olier, était jusqu’en 1656 très hostile à Port-Royal. Il fallut l’affaire des casuistes pour lui ouvrir les yeux et pour lui montrer le mal affreux que la Compagnie de Jésus faisait à l’Église, et c’est alors seulement qu’il prit parti, à la suite de Pavillon, pour la doctrine de saint Augustin si vivement attaquée par les Jésuites. Son rôle actif commence seulement en 1661.

Pavillon enfin avait commencé par être partisan de la signature pure et simple, et il avait répondu en ce sens à une consultation d’Antoine Arnauld ; mais, comme ce dernier ne se rendait pas, l’évêque avait étudié sérieusement la question ; il avait beaucoup réfléchi, beaucoup prié, et il avait jugé qu’une signa-