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histoire du mouvement janséniste

ture sans restriction était chose inadmissible. Avant 1661, il ne connaissait ni les religieuses de Port-Royal ni les Messieurs ; c’est lui pourtant qui va devenir l’âme de la résistance épiscopale aux bulles des papes et aux Formulaires ; c’est grâce à lui que la paix de l’Église et le rétablissement de Port-Royal ont été possibles.

Il n’est pas nécessaire de reprendre en détail l’histoire assez compliquée de la Paix de l’Église ; Sainte-Beuve en a parlé avec une véritable maîtrise, en résumant comme il savait le faire la Relation en deux volumes d’un contemporain de talent, l’abbé Varet, grand vicaire de Sens, et les Vies des quatre évêques par Besoigne, excellents ouvrages contre lesquels ne prévaudront jamais les récits mensongers et les odieuses calomnies du Père Rapin. Les éditeurs de Rapin conviennent eux-mêmes que certains passages de son dernier chapitre ont besoin d’être excusés plutôt que réfutés. C’est reconnaître que la rage l’étouffe ; mais excuser un historien délibérément faussaire, menteur et calomniateur, c’est à tout le moins une chose étrange ; les éditeurs de Rapin se sont disqualifiés, et quant à lui, ses diatribes contre les quatre prélats « tarés » sont nulles et non avenues aux yeux des historiens honnêtes. Ce qui fit agir Pavillon dans l’affaire du Formulaire, ce fut le sentiment qu’il avait de ses devoirs et de ses droits d’évêque successeur des apôtres, « juge par excellence des questions de doctrine, et qui n’a de juge supérieur et légitime que les conciles provinciaux et nationaux ». Quand il vit le roi intervenir dans les questions purement religieuses et faire des lois et dès canons dans l’Église, il protesta ; il lui écrivit le 25 août 1664 une lettre respectueuse et ferme ; il interdit dans son diocèse la signature du Formulaire et