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histoire du mouvement janséniste

16 septembre Bargellini annonçait à Louis XIV que le pape était satisfait, et que l’affaire des quatre évêques était finie. C’est alors que le Père Annat eut l’insolence de reprocher au nonce sa faiblesse d’un quart d’heure, et le confesseur dit à son royal pénitent que l’accommodement allait à la ruine de la religion et de l’État. « Mais le roi, dit Clémencet, lui répondit assez froidement : Pour ce qui est de la religion, c’est l’affaire du pape. S’il est content, nous le devons être vous et moi. Et pour ce qui est de mon État, je ne vous conseille pas de vous en mettre en peine, je saurai bien faire ce qu’il faudra[1]. »

La paix étant faite, l’archevêque de Sens conduisit chez le nonce Arnauld, Nicole et l’abbé de Lalanne, et c’est alors que Bargellini dit au docteur Arnauld qu’il avait « une plume d’or, una penna d’oro, pour la défense de l’Église ». Quelques jours plus tard, le 13 octobre, le roi se faisait présenter à Saint-Germain le célèbre docteur qui vivait caché depuis près de vingt-cinq ans, et que sa police cherchait par terre et par mer pour l’incarcérer comme son neveu Lemaître de Saci, qui était encore sous les verroux[2].

Arnauld reçu par Louis XIV et même par le dauphin, c’était la paix rendue publique, et l’on frappa le Ier janvier 1669 une médaille destinée à commémorer cet heureux événement. Les religieuses de Port-Royal furent l’objet de négociations particulières assez longues et assez délicates. Le nonce ne pouvait rien faire pour elles, car elles dépendaient directement de Péréfixe, qui avait été tenu systématiquement en dehors de toutes les tractations, et qui avait appris le dernier

  1. Tome VI, p. 361.
  2. Il sortit de la Bastille le 31 octobre 1668.