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histoire du mouvement janséniste

serait dégagé lui aussi, et son règne eût été tout autre. Mais le christianisme de ce prince si profondément ignorant était tout à fait rudimentaire ; il consistait, dit Saint-Simon, à craindre le diable et l’enfer, et les scandales de sa vie privée lui faisaient apprécier la morale accommodante et le relâchement des Jésuites. Il lui fallait un confesseur qui ne fût point dans les principes d’Arnauld et de Port-Royal ; il lui fallait un archevêque qui n’eût point l’intransigeance de Pavillon. Se figure-t-on l’évêque d’Aleth devenu archevêque de Paris en face d’un roi doublement adultère et concubinaire public ? Aussi la paix de Clément IX n’a-t-elle pas eu l’ampleur qu’elle aurait dû avoir elle ne fut en réalité qu’une trêve dont les conditions ne furent pas respectées. Comme le dit avec raison le Père Gerberon à la fin de son Histoire du jansénisme[1], « on avait pris l’habitude de haïr les disciples de saint Augustin, et on persévéra encore à les haïr. C’est ce qui fit que les religieuses de Port-Royal perdirent leur maison de Paris, et on eut même peine de les laisser dans celle des Champs, Les docteurs demeurèrent retranchés de la Faculté contre toutes les paroles qu’on leur en avait données ; et quoique M. Arnauld eût communion avec le pape, avec son évêque, et par eux avec toute l’Église, il ne put trouver la paix dans sa propre maison comme un Joseph, il fut toujours l’objet de la haine de ses frères. On ne cessa point de faire signer sa condamnation à tous les bacheliers, et de faire de cette condamnation un degré nécessaire pour monter au doctorat. »

Pour rendre la paix durable, il aurait fallu abolir la signature du Formulaire, œuvre de l’archevêque Marca

  1. Tome III, p. 271.