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histoire du mouvement janséniste

toire de Port-Royal, afin de lui démontrer que le prétendu jansénisme des religieuses et de leurs directeurs était une abominable invention des Jésuites. On a vu par les citations empruntées à cet ouvrage avec quelle, sévérité Racine jugeait la Compagnie de Jésus, avec quelle indignation il parlait des « turpitudes » du Père Annat et, de l’archevêque Péréfixe. La mort l’empêcha de terminer cette histoire, et l’on ne saurait dire si Noailles en eut connaissance. S’il l’a lue en manuscrit, il n’a pu manquer d’être profondément troublé, quand il a consenti à parachever l’œuvre de destruction de Péréfixe.

Racine avait communiqué son Histoire de Port-Royal à Boileau, car il avait en lui un auxiliaire ; Boileau fut un des meilleurs entre les amis du dehors, et l’auteur d’Athalie persécutée s’étonnait qu’il ne fut point inquiété pour ses témérités jansénistes :

La vertu n’était point sujette à l’ostracisme
Et ne s’appelait point alors un j***.

En 1692, il osait vanter l’éducation des filles donnée à Port-Royal, supprimée par Harlay depuis 1679, et il disait :

Mais fût-elle aux vertus dans Port-Royal instruite.

L’Épitre sur l’Amour de Dieu, si admirée par Bossuet, et la satire sur l’Équivoque sont des œuvres de polémique dirigées contre les Jésuites. Boileau avait mérité la haine des Révérends Pères, et il l’obtint avant même la destruction de Port-Royal : en 1710 il se vit refuser par le roi un privilège pour la publication de ses œuvres complètes. Louis XIV exigeait la suppression des pièces désagréables aux Jésuites ; Boileau sacrifia l’édition elle-même, et il s’entendit secrètement avec un libraire, ce qui nous a valu de bonnes éditions posthumes.