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chapitre xii

l’ordonnance de Noailles très avantageuse pour l’Église et pour la Vérité, « La censure de Mgr l’archevêque, disait-il dans une très belle lettre qu’il faut lire dans Sainte-Beuve[1], tire la Vérité de l’indigne servitude où on la tenait captive, et en proposant les livres de saint Augustin pour règles de la foi, principalement ceux dont les ennemis de la Grâce ont le plus murmuré, elle lui rend la qualité de juge et de maître, console ses disciples, apprend aux autres à le devenir, et termine ainsi toutes les disputes. »

Quant à la condamnation de Barcos, accordée aux Jésuites comme fiche de consolation, voici comment Duguet en parle : « Qu’importe ce qu’on pense d’une secte qui ne fut jamais… Quel intérêt ont les particuliers de se justifier, si c’est un fantôme qui est accusé ? Qu’on soit content de la seconde partie de la censure, et dès lors la première n’est plus d’usage ; car si l’on ne pense rien de plus, tout est en paix, ou doit y être. »

Les flagorneurs du collège Louis le Grand, qui croyaient avoir enlacé Noailles dans leurs filets, furent exaspérés ; ils le prirent de très haut avec le prélat, et s’attirèrent cette verte réplique : « Je veux bien être l’ami des Jésuites, mais non pas leur valet. » Ils répondirent à Noailles qu’ils lui feraient boire jusqu’à la lie le calice de leur colère. Pour atteindre leur nouvel ennemi en plein cœur, ils s’attaquèrent au livre qui avait toutes ses complaisances, aux Réflexions morales du Père Quesnel, qui se publiaient avec un prodigieux succès et sans contradiction depuis vingt-cinq ans, et c’est ainsi qu’une nouvelle affaire de jansénisme, beaucoup plus grave que celle de l’Au-

  1. Port-Royal, VI, p. 60.