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histoire du mouvement janséniste

sept docteurs, sur les cent dix qui composaient l’assemblée, donnèrent leur adhésion avec un enthousiasme indescriptible. Le clergé de Paris suivit en masse l’exemple de la Sorbonne ; les évêques de Verdun et de Pamiers se joignirent aux quatre appelants ; Noailles enfin, fidèle à ses habitudes de tergiversation, rédigea et signa un appel semblable, mais il le tint secret et ne se décida à le publier que l’année suivante.

Que pouvait faire le Régent en présence d’une telle levée de boucliers ? Il était lié par les promesses de Louis XIV à Clément XI et, d’autre part, son bon sens et sa grande intelligence des affaires lui montraient qu’il ne pourrait jamais tenir de semblables promesses ; il essaya pourtant de s’opposer au torrent. Clément XI consterné offrait déjà de laisser tomber sa Bulle sans même exiger en échange de cet abandon une renonciation des quatre évêques à leur appel ; mais Philippe d’Orléans empêcha le pape de se laisser aller au découragement, et il vint à son secours. Il intima aux quatre appelants l’ordre de quitter Paris le jour même et de se retirer sans délai dans leurs diocèses respectifs. Le notaire qui avait reçu l’acte d’appel et l’adhésion de la Faculté fut mis à la Bastille ; la Faculté reçut l’ordre de cesser entièrement ses assemblées, et le syndic Ravechet fut exilé à Saint-Brieuc, où il mourut le mois suivant (24 avril 1717). L’ère des persécutions recommençait.

La cour de Rome, un moment désemparée, ne tarda pas à se ressaisir en voyant que le Régent ne l’abandonnait pas ; les Jésuites et leurs amis redoublèrent d’audace et l’affaire de la Bulle s’envenima de plus en plus. Il y avait trois partis en présence, ce que nous appellerions aujourd’hui la droite, la gauche et le