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histoire du mouvement janséniste

de ce jour sa vie fut exemplaire. Son vieux père, ravi, quitta sur-le-champ son confesseur antijanséniste et mourut quelques mois plus tard entre les bras de Firmin Tournus, l’ami intime et le confesseur du « bienheureux diacre Paris ».

À dater de ce jour, Montgeron n’eut plus qu’une pensée, démontrer à tout l’univers la vérité des miracles de François de Paris, et réfuter celui qui s’acharnait à les représenter comme faux, le nouvel archevêque de Sens Languet de Gergy. Il fut exilé en Auvergne avec la plupart de ses confrères du Parlement au mois de septembre 1732, et c’est là qu’il commença tout de bon à mettre en œuvre les matériaux d’un travail si considérable. Il dépensa sans compter des sommes immenses, plus de cent mille francs sans doute, pour rassembler les certificats, les actes notariés, les mémoires, les rapports, les pièces justificatives qui lui étaient nécessaires ; il fit dessiner par le grand peintre Jean Restout les admirables planches qui devaient illustrer son ouvrage, et il les fit graver par un artiste inconnu[1]. On peut affirmer que la plupart de ces beaux dessins ont été faits d’après nature et qu’il s’y trouve des portraits en grand nombre. Il fallut quatre ans pour imprimer secrètement, car Montgeron n’avait pas demandé un privilège on une permission, qui lui auraient été refusés, pour dessiner et pour graver, et finalement pour relier très richement les exemplaires destinés au roi, au duc d’Orléans, et au premier président. Lorsque tout fut prêt, au mois de juillet 1737, Montgeron se prépara à faire le voyage de Versailles, persuadé qu’une démarche si hardie lui coûterait la liberté, et il s’y disposa par la pénitence

  1. Quelques-unes de ces gravures sont signées Yver sc. 1737.