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chapitre xvi

tait la Bulle en l’associant à un corps de doctrine dressé par cent évêques ; s’il avait cédé finalement pour rentrer en grâce, il avait, dans la mesure du possible, favorisé les appelants. Comme en 1714, il subordonnait son enregistrement à l’acceptation unanime des évêques de France ; c’était pour ainsi dire un enregistrement conditionnel, accordé sans enthousiasme et même à contre-cœur. Ce n’était pas que le Parlement fût le moins du monde inféodé aux doctrines jansénistes ; il s’en faut de beaucoup, car la plupart des parlementaires avaient des prétentions nobiliaires, et leurs enfants étudiaient chez les Jésuites ; on a vu dans un des chapitres précédents que c’était le cas de l’illustre famille des Lamoignon. C’était la même chose sous Louis XV ; il y avait parmi les parlementaires beaucoup d’incrédules à la façon du président de Montesquieu, beaucoup d’hommes de plaisir et même de débauche, comme Montgeron, avant sa conversion de 1731 ; on y trouvait très peu de jansénistes au sens propre de ce mot ; très peu d’amis de la Vérité, comme on disait alors. Dans le Petit Nécrologe de Cerveau et dans les ouvrages similaires on n’en compterait pas une demi-douzaine en tout ; Daguesseau n’y figure pas et Joly de Fleury non plus ; les seuls membres du Parlement de Paris qui aient trouvé place dans cette espèce de tableau d’honneur sont les abbés Guilbaud et Pucelle, conseillers-clercs, Montgeron et Jérôme Paris, le frère du diacre, et finalement le président de Lesseville, mort en 1737, à quatre-vingt-quinze ans[1]. Les

  1. Il y a dans la belle estampe de Restout qui représente Montgeron dans le cimetière de Saint-Médard trois autres parlementaires, l’abbé Pucelle, le conseiller Titon, et un troisième que je ne parviens pas à identifier, il est trop jeune pour être le président de Lesseville, mais c’est très certainement un portrait.