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histoire du mouvement janséniste

avocats au Parlement sont encore moins nombreux, et d’une façon générale on peut affirmer hardiment qu’il n’y a jamais eu entre le monde janséniste et le monde parlementaire rien qui ressemble à une alliance, à une entente secrète, ou, si l’on veut, à une conspiration.

Le Parlement de Paris était ce qu’il avait toujours été, foncièrement gallican, d’un gallicanisme bien plus ferme et bien plus intransigeant.que celui des évêques. En 1682, si Bossuet n’avait pas réfréné son ardeur, il serait allé jusqu’au schisme, et, en 1713, les 91e et 92e propositions condamnées par la Bulle lui avaient paru porter une atteinte mortelle aux libertés de l’Église de France et à ce qu’il appelait les maximes du royaume ; son jansénisme n’est jamais allé plus loin ; c’était un jansénisme laïque et, comme nous dirions, anticlérical. Tous les actes émanés du Parlement de Paris et des autres Parlements du royaume établissent que la Bulle Unigenitus n’a pas et ne peut jamais avoir la qualification et les effets de jugement de l’Église, et la preuve en est qu’en 1720 l’enregistrement de la Déclaration du roi se fit « sans préjudice de l’appel au futur concile ». Son attitude n’a pas varié de 1720 à 1730, et durant ces dix années on ne signale pas d’affaires graves, pas de conflit entre l’autorité royale et la magistrature ; la modération du cardinal de Noailles était pour beaucoup dans cette sorte d’accalmie. Mais le 24 mars 1780, à la sollicitation du nouvel archevêque de Paris, Charles-Gaspard de Vintimille, prélat septuagénaire qui aimait fort la bonne chère[1], qui désirait

  1. On lit dans une chanson manuscrite du temps :

    Que l’archevêque de Paris,
    Mangeur, buveur impitoyable,
    Nous fasse voir par ses écrits
    Que quelquefois il sort de table…