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histoire du mouvement janséniste

cette seconde forme de la querelle du jansénisme a été beaucoup plus populaire que la précédente. Au temps de Port-Royal, le nombre de ceux qui prenaient parti pour ou contre les religieuses et les Messieurs était peu considérable ; au temps de la Bulle, c’était tout le monde qui se déclarait pour ou contre la « Constitution » ; les fidèles de toutes les paroisses, les marchands et les artisans qui entendaient parler de miracles, les désœuvrés et les curieux. Il n’est donc pas étonnant que l’opinion publique se soit émue, et que la presse sous toutes ses formes se soit mise en mouvement. On était loin du temps où l’insignifiante Gazette de France était le seul journal qui parut régulièrement une fois par semaine, où l’on avait pour organes d’information quelques « nouvelles à la main » et des lettres écrites par les banquiers à leurs correspondants étrangers. Les défenseurs de Port-Royal s’étaient adressés à l’opinion publique, et le prodigieux succès des Provinciales les y avait fortement encouragés. Il en fut de même au siècle suivant, et c’est par milliers que l’on comptait les feuilles volantes, les piqûres, les plaquettes, les brochures, les livres, petits et gros, auxquels la Bulle Unigenitus a donné naissance.

Au premier rang de ces publications doivent figurer les Nouvelles ecclésiastiques, journal hebdomadaire qui a paru sans interruption de 1728 à 1803, et dont l’histoire, assez peu connue, est infiniment curieuse. C’est la Bulle Unigenitus qui a donné naissance à cette feuille de combat, dont le premier numéro parut en février 1728 ; et c’est le concile ou comme on disait alors, le brigandage d’Embrun qui en fut l’occasion. Le public s’intéressait vivement à cette affaire ; les partisans de l’évêque de Senez firent d’abord circuler