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chapitre xvii

qui garantirait des persécutions, et qui permettrait aux Oratoriens d’enseigner et de défendre sans danger la bonne doctrine. Sa conduite fut conforme à ses principes, et comme dit un historien du xviiie siècle, Pavie de Fourquevaux, « de peur qu’on ne détruisît sa Congrégation, il commença par la détruire insensiblement lui-même[1] ». Dès 1723, d’accord avec le général, on se mit à exclure des assemblées les appelants et les réappelants ; ce fut la même chose en 1726 ; et en 1729 un ordre du roi proscrivit tous ceux qui n’auraient pas signé purement et simplement le vieux Formulaire d’Alexandre VII, et tous ceux qui ne recevraient pas la Bulle Unigenitus. Il y avait une infinité d’Oratoriens dans tous les diocèses de France ; on lâcha la bride aux évêques amis des Jésuites et par conséquent ennemis de l’Oratoire, notamment à l’intolérant Belsunce, qui accusa les Oratoriens de Marseille d’avoir attiré la peste de 1720 par leur appel de 1718.

Le Père de la Tour, général inamovible, mourut en 1733, et on lui donna pour successeur le Père de la Valette, un acceptant modéré, qui ne persécuta pas ses confrères récalcitrants, mais qui laissa la Congrégation dépérir parce qu’elle ne parvenait plus à se recruter. En 1746 enfin, après la mort du cardinal Fleury, le théatin Boyer, ancien évêque de Mirepoix et successeur de Fleury, donna l’ordre de tenir une assemblée générale qui ne recevrait que des Oratoriens acceptants. Cette assemblée se trouva finalement composée de dix-huit sujets qui acceptèrent la Bulle avec si peu d’enthousiasme et dans des conditions telles que l’archevêque de Sens, Languet de Gergy, s’écria « Quel

  1. Suite du Catéchisme historique et dogmatique, 1768, tome II, I p. 1