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chapitre III

du tout par pédantisme et par « indigestion de science » que l’évêque d’Ypres s’est attaché durant de si longues années à lire, à méditer, à coordonner les écrits du docteur de la grâce ; il ne pouvait pas faire autrement. Sa conception de la théologie l’y contraignait d’ailleurs. « La théologie, disait-il, est une discipline de la mémoire, et non pas de l’entendement. Elle consiste à bien retenir les choses qui se trouvent dans l’écriture et dans la tradition. Il faut la définir la connaissance de l’Écriture, des conciles et des Pères de l’Église. »

Il a déjà été question de l’Augustinus et de son auteur dans le chapitre préliminaire où je crois avoir prouvé que Jansénius, même s’il s’est trompé, ne peut être considéré comme un hérétique et comme un hérésiarque ; il n’y a pas à revenir là-dessus. Il suffira d’établir, en étudiant l’histoire de ce livre, qu’il n’est pas du tout l’œuvre d’un conspirateur. L’Augustinus est l’œuvre d’un docteur de Louvain qui s’est constitué le porte-parole de cette université célèbre, et qui était en parfait accord avec elle. Deux fois il fut envoyé officiellement en Espagne (1626-7) et il obtint du roi une protection efficace contre les empiètements des Jésuites qui prétendaient asservir cette autre Sorbonne. Enfin il fut délégué pour disputer contre les protestants, et il sortit victorieux de la conférence de Boisleduc en 1630. Il était l’ami particulier de son archevêque Jacques Boonen ; il était en très bons termes avec l’internonce de Bruxelles, et plusieurs fois avant 1634 il fut question d’élever à l’épiscopat un professeur qui honorait si fort l’Université de Louvain.

Les Jésuites ont fait grand bruit après sa mort de ses lettres à Saint Cyran, lettres qui furent remises au Père Pinthereau et publiées par lui à Louvain même en 1654. Pinthereau-Préville fit imprimer avec des