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histoire du mouvement janséniste

dans sa sphère, à la grande affaire de leur salut. Point de chef auquel on dût obéir, point de vœux, pas même de résidence obligatoire, si bien que Besoigne a pu dire, ce qui justifierait Pascal déclarant qu’il n’était pas de Port-Royal : « On était de Port-Royal sans y être ; on en était étant ailleurs, étant en religion, étant en ménage, étant en charge dans le siècle. Et c’est cela même qui donnait lieu aux esprits jaloux de publier et aux ministres soupçonneux de le croire, qu’il y avait un attroupement à Port-Royal ; pendant que ce n’était qu’une conformité de piété entre un grand nombre de personnes dispersées de tous côtés, lesquelles souvent ne se connaissaient même pas…[1]. »

Les dix ou douze solitaires groupés à Port-Royal avaient, dès 1644 un règlement adopté par tous : lever à quatre heures et exercices religieux dans la grande église de Port-Royal, desservie en l’absence des religieuses par un simple chapelain. Ensuite chacun se retirait dans sa chambre, petit réduit pratiqué dans les cellules en ruines ou dans l’ancienne infirmerie ; on méditait, on lisait l’Écriture, les Pères, l’histoire ecclésiastique ; on traduisait le Nouveau Testament et les Pères grecs ; on écrivait la Vie des saints. Fréquemment on revenait dire l’office dans l’église, ce qui occupait la plus grande partie de la journée ; et entre temps on s’adonnait au travail des mains, deux heures le matin et deux heures l’après-midi ; on prenait ses repas en commun deux fois par jour et on se couchait régulièrement à huit heures. Pour les communions, qui semblent devoir être la pierre de touche quand il s’agit de gens qui avaient été convertis pour la plupart par le livre de la Fréquente Communion, voici

  1. Hist. de Port-Royal, tome IV, p. 158.