Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lone. Paul Orose, disciple de saint Augustin, a fait le parallèle de Rome et de Babylone, et il a fait observer qu’après onze cent soixante ans de domination et de gloire, ces deux villes avaient été pillées dans des circonstances presque semblables.

Ainsi, pendant que Domitien persécutait les Chrétiens, saint Jean prophétisait la ruine de Rome, comme saint Paul et saint Pierre avaient prophétisé celle de Jérusalem. Placé entre le premier et le second siècle, le disciple bien aimé était chargé de faire entrevoir aux Chrétiens toutes les destinées de l’Église. La persécution continuait toujours. Domitien mit à mort son cousin-germain, Flavius Clément. Il avait adopté ses fils, à qui il avait donné les noms de Domitien et de Vespasien. Domitille, femme de Flavius, fut exilée dans une île. Une nièce du consul Clément subit le même sort, et l’on voyait encore la cellule où elle logeait dans l’île Portia, trois cents ans après. L’empereur voulut voir les petits-fils de saint Jude, proche parent de Jésus-Christ. Il leur demanda ce que signifiait ce royaume de Jésus-Christ qui l’inquiétait ; ils répondirent que ce royaume n’était pas de ce monde, que Jésus-Christ paraîtrait à la fin des temps, et qu’il viendrait juger les vivants et les morts. Domitien les renvoya et fit cesser la persécution, du moins en Judée ; mais, un peu après, il fut assassiné par un intendant de Domitille, qui voulut venger la mort du consul Clément.

Néron avait été loué par Lucain qui, dans sa Pharsale, l’avait placé au rang des dieux ; et Quintilien, le grave auteur des Institutions oratoires, a donné le titre de censeur très-saint et de divinité favorable à Domitien, sous qui le nom même de la vertu fut proscrit, et qui empoisonna peut-être Titus, son frère. Stace et Martial prodiguèrent les mêmes éloges à ce prince, et Stace le plaça dans le ciel. L’esprit de vertige semblait répandu alors sur les plus grands esprits du paganisme.

Nerva, qui parvint à l’empire, rappela les exilés et adoucit le sort des Chrétiens. Saint Jean rentra dans Éphèse, et de là il gouverna toutes les Églises d’Asie. Il resta dans cette ville jus-